Avec sa piqûre très douloureuse, la fourmi de feu est une espèce exotique indésirable, et très coûteuse pour la société. Des nids viennent d’être découverts en Sicile. La lutte s'organise pour tenter de contenir sa propagation
Aurélie Coulon
Publié le 12 septembre 2023 à 21:28. Modifié le 14 septembre 2023 à 00:48.
[Image] Les fourmis de feu (Solenopsis invicta) sont désormis établies en Europe — Crédit : Jesse Rorabaugh
Bernadette Cassel's insight:
Sur le même sujet
Des colonies de fourmis de feu découvertes pour la première fois en Europe - De www.courrierinternational.com - 15 septembre, 17:46
In the recent review “Supergenes as drivers of ant evolution” published in Myrmecological News, Michel Chapuisat focuses on the social structure of ant colonies, which can comprise one or multiple queens. It was previously thought
The supergene wave is well underway – by Myrmecological News Blog · Published 11 January 2023 · Updated 12 January 2023
Supergènes Une revue sur les supergènes des fourmis et des abeilles par Michel Chapuisat. On les connaissait chez Solenopsis invicta et Formica selysi. C'est en pleine évolution, on en trouve aussi chez Leptothorax acervorum, Formica glacialis, Pogonomyrmx californicus, Cataglyphis niger et l'abeille, sans doute d'autres à venir.. Voir Supergènes
Chapuisat, M. (2023). Supergenes as drivers of ant evolution. Myrmecological News 33: 1-18. doi: 10.25849/myrmecol.news_033:001
Le projet d’arrêté portant sur la mise à jour des listes d’espèces exotiques envahissantes animales et végétales sur le territoire métropolitain est actuellement soumis à la consultation publique jusqu’au 21 juillet.
By Madeleine Freudenreich
Posted 30 juin 2022
In Actualités
Il s’agit du troisième complément à la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne, conformément au règlement (UE) n° 1143/2014.
Une première consultation concernant la proposition de 30 espèces s’était tenue du 16 novembre au 14 décembre 2021. Finalement, après concertation et vote final des États membres à la Commission européenne, seules 22 espèces ont été retenues pour intégrer la liste règlementaire :
La liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne comporte maintenant un total de 88 espèces règlementées, avec 47 espèces animales et 41 espèces végétales.
Plusieurs de ces espèces ne sont pas encore observées sur le territoire français, mais sont présentes dans certains territoires européens. Leur inscription sur cette liste devra ainsi permettre de prévenir leur dispersion au sein de l’Union et de contrôler l’établissement ou la propagation des espèces déjà présentes. Elle modifie également les conditions de détention des espèces animales concernées, qui seront désormais interdites de détention par les particuliers et nécessiteront un certificat de capacité pour les établissements de présentation au public dès le 1er spécimen détenu.
[Image] Wasmannia auropunctata (aussi appelée petite fourmi de feu ou fourmi électrique, en raison de sa piqûre très urticante) est une espèce de fourmis invasives pouvant former des supercolonies. Originaire de l'Amérique du sud, elle se trouve aujourd'hui sur la majorité des continents. Crédit : AntWeb.org / CC BY-SA 3.0
Les invasions biologiques sont une menace importante pour la biodiversité, mais elles coûtent aussi très cher à nos sociétés. Une étude estime ce coût à plus de 1 000 milliards de dollars depuis 1970.
[Image] The 10 costliest taxa from the most robust subset of the original database for both cumulative damage and management costs (in billions of 2017 US dollars) between 1970 and 2017.
À partir de modèles statistiques et d’une base de données sur des espèces envahissantes de fourmis, une équipe internationale vient de mettre au point un outil pour prévenir les invasions biologiques.
Par Franck Courchamp, 03.04.2019
"... notre équipe (Université Paris Sud/CNRS), en collaboration avec des chercheuses de Suisse et d’Espagne, vient en effet de publier ce 29 mars dans la prestigieuse revue américaine PNAS, une étude où nous avons combiné plusieurs types de modèles statistiques et une grosse base de données de caractéristiques écologiques et comportementales de fourmis ; il s’agit de prédire quelles seront les prochaines espèces de fourmis envahissantes, et quelles régions du monde elles risquent d’envahir. Avant même qu’elles n’aient commencé.
19 espèces de fourmis
Ces travaux, démarrés il y a huit ans, utilisent les outils statistiques les plus récents et les plus performants pour identifier, à la manière des profilers de tueurs multirécidivistes dans les séries policières américaines, les profiles psychologiques de ces coupables.
En établissant un modèle statistique de toutes les combinaisons de caractéristiques des fourmis qu’on sait être envahissantes – 19 sont déclarées comme telles par l’Union internationale de la conservation de la nature (IUCN) –, il nous a été possible d’établir un profil écologique de la fourmi envahissante type – avec tel type de système social, tel type de fondement de nouvelles colonies, tel type de régime alimentaire, etc.
Car la fourmi folle jaune, la fourmi électrique, la fourmi fantôme ou la fourmi de feu, pour ne citer qu’elles, n’ont pas en commun que ces noms terribles : il a été ainsi possible d’établir un véritable portrait-robot de leurs caractéristiques écologiques. Ce modèle statistique a ensuite été appliqué à un millier de fourmis non envahissantes pour voir si certaines possédaient le même profil : et effectivement 13 d’entre elles présentaient la même combinaison de caractéristiques ; elles sont donc logiquement capables de faire aboutir le même type d’invasion au cas où les activités humaines les transporteraient négligemment ailleurs…"
Some lizards in the eastern U.S. have adapted to invasive fire ants—which can bite, sting, and kill lizards—reversing geographical trends in behavioral and physical traits used to avoid predators. A new study describing this reversal appears online on November 29, 2018, in the journal Global Change Biology and reveals that new environmental challenges can override the historical influences that originally determined geographical trends in traits.
Lizards quickly adapt to threat from invasive fire ants, reversing geographical patterns of lizard traits — Eberly College of Science, 29.11.2018
[Image] Where invasive fire ants are present, lizards twitch and flee to remove the ants, reversing existing geographical patterns in antipredator behavior. Credit: Langkilde Lab, Penn State
[Solenopsis invicta]
Bernadette Cassel's insight:
via Recherche animale sur Twitter, 01.12.2018 :
"#Evolution #écosystème: des observations chez des #lézards de l'Est des USA montrent qu'ils peuvent revenir à des caractères adaptatifs antérieurs pour faire face aux #fourmis de feu, abandonnant le camouflage pour la course..."
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2017 : Juillet
"On connaît les termitières cathédrales de 8 m de haut et de 70 000 fois la taille d’un termite ; on ignore comment les individus, qui n’ont aucune idée de la hauteur à laquelle ils se trouvent, arrivent à construire une tour stable. On ne sait pas non plus faire des petits robots autonomes (agissant en essaims) qui grimpent les uns sur les autres pour franchir une marche.
Une équipe de myrmécologues de Georgia Tech (Atlanta, États-Unis) vient de montrer que des fourmis, agissant sans chef et en suivant des règles simples, sont capables de construire et maintenir des tours de franchissement d’une trentaine d’ouvrières de haut.
L’espèce en étude, au talent repéré par hasard dans la nature, est la Fourmi de feu Solenopsis invicta (Hym. Myrmiciné), agressive et expansive. On la savait capable de constituer des radeaux vivants, ponts pour franchir des ruisseaux, constitué d’individus s’accrochant les uns aux autres par leurs tarses adhésifs. Les forces en jeu ont été évaluées à 2 fourmis (en poids).
Des enregistrements vidéo, en temps réel et en accéléré, de fourmis normales ou radioactives, de tours construites au labo autour d’une tige verticale, il résulte que tout au long des 2 ou 3 heures du maintien en place de la pyramide, les fourmis bougent tout le temps. Elles grimpent, s’accrochent là où elles perçoivent un creux, puis rentrent dans la tour, dégringolent à sa base, s’en échappent par des tunnels et regrimpent. Au fur et à mesure que l’échafaudage gagne en hauteur, il s’élargit à la base et prend une allure de tour Eiffel. Les poids sont ainsi également répartis. Une ouvrière, capable de survivre au poids de 750 congénères, s’arrange pour n’en avoir que 3 sur le dos.
Une avancée pour mieux comprendre les constructions animales et créer des structures bio-inspirées."
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2016 : Décembre
"Il s’agit d’une part de détruire une peste ennemie des feux rouges et fort piquante et, d’autre part, de réaliser un engin innovant.
La peste est la Fourmi de feu importée Solenopsis invicta (Hym. Myrmiciné, alias red imported fire ant), envahisseuse indestructible sévissant notamment dans le Sud des États-Unis, à qui l’on reproche d’aimer les courants électriques et de provoquer des courts-circuits dans les installations (dont les feux de circulation), dont on redoute les piqûres douloureuses infligées en groupes mais dont on méconnaît le rôle de désinsectiseur des cultures.
L’invention d’engins innovants fait partie des objectifs du département de génie électrique de l’université de Lamar (Texas, États-Unis). Harley Myler a d’abord mis au point un robot apte à la nage sous-marine qui tire des fléchettes sur un poisson venimeux invasif dans la zone caraïbe, la Rascasse volante Pterois miles (Scorpénidé), qu’il détecte grâce à un logiciel de reconnaissance adapté.
S’étant vu interdire de mettre en œuvre son engin, notre électricien met en route le développement d’un nouveau robot tueur. Un crapahuteur terrestre (hexapode ?) armé d’un laser bleu prélevé sur un graveur de CD et animé par un logiciel de reconnaissance ad hoc qui vise les fourmis de feu et les carbonise.
D’après « Lamar team builds fire ant-killing robot », lu le 26 décembre 2016 à www.chron.com/
Par Emmanuel Perrin. Gentside. « En étudiant la manière dont les fourmis de Rasberry neutralisent le venin des fourmis de feu, des chercheurs ont découvert une nouvelle substance jamais observée jusqu’à présent à l’état naturel. »
[...]
« Il n’y a à ce jour qu’un adversaire parmi les insectes pouvant se targuer de ne pas craindre les fourmis de feu : la fourmi folle fauve ou "de Rasberry" (Nylanderia fulva). Cette espèce envahissante a été observée pour la première fois aux États-Unis et ne cesse de coloniser de nouveaux territoires dans la région de la côte du Golfe. Rien ne l’arrête, pas même le dangereux venin de son concurrent. En effet, celui-ci ne semble avoir sur elle aucun effet. »
« De récentes études ont montré que les fourmis folles sont capables de sécréter de l’acide formique, une substance qui neutralise le venin des fourmis de feu. Dernièrement, les chercheurs ont poussé leurs travaux un peu plus loin et ont découvert que lorsqu’il est neutralisé avec cet acide, le venin se transforme en un liquide visqueux, jamais observé jusqu’à présent dans la nature. »
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. « Des nouvelles des insectes : les Épingles entomologiques - Invincible sous acide »
« La Fourmi folle de Rasberry Nylanderia fulva (Hym. Formicidé), une peste, déloge la Fourmi de feu importée Solenopsis invicta, autre peste précédemment installée dans le Sud des États-Unis. Les deux espèces invasives sont originaires d’Amérique latine. »
« Dans un premier temps, on a attribué cette substitution à l’épuisement des ressources par la Fourmi folle, meilleure exploitante. À y regarder de plus près, c’est-à-dire en observant des ouvrières de la première foncer dans le tas de celles de la seconde, gardiennes d’un criquet mort, il est apparu un comportement particulier. La Fourmi folle, atteinte par un jet de venin, se tord sur elle-même, les mandibules au contact de l’extrémité de l’abdomen puis passant sur le corps. Ensuite, elle repart à l’attaque comme immunisée et, avec ses consœurs, s’approprie la provende. »
« L’expérience suivante a lieu au labo : si l’on jette dans un récipient contenant des Fourmis de feu des Fourmis folles, 98% de ces dernières survivent. Mais seulement la moitié si l’on a bouché leur glande à glande à venin avec du vernis à ongles. »
« De fait, atteinte par le venin de son ennemi, la Fourmi folle produit de l’acide méthanoïque (CH2O2, dit formique), le prélève avec la bouche et s’en oint, ce qui détoxifie le poison mortel. C’est le premier cas connu d’un insecte produisant l’antidote au venin d’un autre insecte. La Fourmi folle ne se répand pas très vite, sa capacité naturelle d’expansion est faible : moins de 200 m par an. Mais elle peut compter sur les automobilistes et camionneurs qui transportent des plantes en pots… »
Travaux d’ Ed LeBrun à l’université d’Austin (Texas, États-Unis).
University of Texas at Austin. "Crazy ants dominate fire ants by neutralizing their venom." ScienceDaily. ScienceDaily, 13 February 2014. <www.sciencedaily.com/releases/2014/02/140213142233.htm>.
« A new development in the competition between two ants invading the southern United States: tawny crazy ants (Nylanderia fulva) can detoxify the venom of the red imported fire ant (Solenopsis invicta). It's the first known example of an insect with the ability to detoxify another insect's venom, and it is likely helping the crazy ant beat out fire ants where the two species overlap. » Credit: Ed LeBrun
Sciences et Avenir. « Ces structures se comportent comme des matériaux viscoélastiques, ce qui leur permet de résister à de multiples contraintes. »
« Solenopsis invicta. C’est le nom scientifique des fourmis de feu, l’une des espèces les plus agressives de fourmis dont la morsure n’est pas spécialement douloureuse (classée au stade 1 de l’échelle de Schmidt) du moins quand un seul insecte pique. Problème : une fois qu’une fourmi déclenche une attaque c’est toute la colonie qui suit ! Et là, ça peut faire très mal… l’autre particularité des fourmis de feu c’est de pouvoir se rassembler pour former une grosse boule, sorte de radeau capable de flotter sur l'eau. Une colonie entière peut ainsi se déplacer ou résister aux inondations fréquentes dans leur habitat d’origine, l’Amérique du Sud. »
[...]
[Image] Le radeau de fourmi continue de flotter même quand il est poussé par une branche. Nathon Mlot
« Les fourmis de feu emploient cette stratégie pour passer inaperçues… (extrait du livre Explorations en Terre Animale)
L’opossum est un maître en la matière. Et la fourmi ? Aussi, selon Deby Cassil, biologiste à l’université de St Petersburg en Floride. En effet, lorsqu’une colonie de fourmis de feu rouges (Solenopsis invicta) en attaque une autre, chaque individu est inspecté. C’est là que les petits malins se recroquevillent et restent immobiles, comme morts, pour tromper l’adversaire. Une fois le danger écarté : hop, tout le monde debout ! »
Espèce invasive originaire d’Amérique du Sud, la “Solenopsis invicta”, communément appelée fourmi de feu, a été identifiée en Sicile, non loin de Syracuse. C’est la première fois qu’une étude témoigne de l’implantation de cette espèce sur le sol européen.
Courrier international
Publié le 12 septembre 2023 à 15h42
"L’insecte en question ne mesure qu’une poignée de millimètres, mais il porte un nom des plus effrayants. La fourmi de feu (ou Solenopsis invicta de son nom scientifique) est un petit animal originaire d’Amérique du Sud, qui, progressivement, a colonisé l’Australie, les États-Unis, la Chine, le Mexique et les Caraïbes.
Jusqu’ici, néanmoins, le vieux continent semblait avoir été épargné par la prolifération de cette espèce invasive. Mais une étude publiée le 11 septembre dans la revue scientifique Current Biology vient de prouver le contraire.
En Sicile, 88 nids de fourmis découverts
“Dans la province de Syracuse, en Sicile, sur une zone de 4,7 hectares, 88 nids de fourmis de feu ont été découverts”, annonce en effet Il Post, qui relaye ainsi le résultat principal du travail mené par l’Institut espagnol de biologie évolutive, réalisé en collaboration avec deux universités italiennes."
"Une étude menée par l’équipe de Laurent Keller au Département d’écologie et évolution de l’UNIL montre comment le supergène qui dicte la vie sociale des fourmis de feu a émergé au cours du temps et s’est propagé au sein des six espèces actuelles. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue "PNAS"."
Publié du 16 août 2022 au 30 septembre 2022 par Mélanie Affentranger (Communication FBM)
"Chez les fourmis de feu (genre Solenopsis), deux formes d’organisation sociale distinctes coexistent au sein d’une même espèce. Dans un cas, les colonies n’abritent qu’une seule reine (forme monogyne), dans l’autre, elles peuvent en contenir plusieurs dizaines (forme polygyne). Le mode de dispersion diffère également puisque dans les colonies monogynes, les nouvelles reines s’envolent pour pondre des œufs et fonder, seules, une société. Dans les colonies polygynes, au contraire, les nouvelles reines rejoignent, généralement en marchant, une communauté préexistante.
La clé de la diversité: un supergène «social»
L’équipe de Laurent Keller, professeur ordinaire au Département d’écologie et évolution (DEE) de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, a découvert, en 2013, que ces variations de structures sociales sont dues à un supergène. Lorsque celui-ci est présent, le mode de vie des insectes est polygyne. Dans le cas contraire, il est monogyne.
Situé sur le chromosome 16 des six espèces actuelles de fourmis de feu, ce supergène est apparu à la suite de trois inversions chromosomiques, phénomènes au cours desquels des segments d’ADN se sont brisés et tournés, bloquant le brassage génétique naturel. 476 gènes se sont soudés (formant ainsi le supergène) et sont, depuis, transmis d’un bloc de génération en génération. «Un cas de figure semblable à celui des chromosomes sexuels: nous héritons de X ou de Y complets, pas seulement d’une partie», illustre Laurent Keller.
Inversions successives
Dans l’étude parue mi-août 2022 dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), l’équipe de l’UNIL révèle, grâce à des techniques pointues de phylogénie, que les trois inversions chromosomiques qui ont mené à la création du supergène ont émergé successivement, dans un laps de temps court, il y a environ 500'000 ans.
«Contrairement à nos suppositions, le supergène n’est pas apparu chez un seul ancêtre commun à toutes les fourmis de feu actuelles», relève le directeur des recherches, Laurent Keller. En effet, la première inversion s’est produite chez l’aïeul de Solenopsis invicta et Solenopsis richteri. La deuxième a eu lieu au moment de la formation des deux espèces. Enfin, la troisième et dernière inversion est apparue chez Solenopsis richteri. «Le supergène à proprement parler est donc né chez cette fourmi», explique le DrSc. Quentin Helleu, postdoctorant au DEE et premier auteur de l’étude. Il s’est ensuite propagé par hybridation (croisements entre espèces proches). En s’accouplant, Solenopsis richteri l’a dans un premier temps transmis à sa cousine Solenopsis invicta – la plus répandue dans la zone d’origine des fourmis de feu, l’Amérique du Sud – qui l’a dans un second temps très vraisemblablement transféré aux quatre dernières espèces.
J’y suis, j’y reste !
Les scientifiques ont trouvé très peu de reliques de ces événements d’hybridation dans le génome des fourmis de feu. Seule trace clairement visible: le supergène, qui a bravé 500 millénaires d’évolution pour être présent, aujourd’hui encore, chez les six espèces de Solenopsis. «Il s’agit d’un élément génomique très persistant dans le temps et nos travaux montrent qu’il peut facilement franchir les frontières entre espèces proches, probablement parce qu’il procure de gros avantages aux animaux en termes de reproduction et de survie», détaille Quentin Helleu.
Chez les fourmis de feu, l’existence de sociétés polygynes rendue possible grâce au supergène, est en effet bénéfique: les nombreuses reines peuvent se disperser très rapidement pour coloniser, parfois en quelques heures, de nouveaux territoires. Les espèces invasives s’avèrent d’ailleurs souvent polygynes, à l’image de Solenopsis invicta, la plus problématique puisqu’elle ravage les cultures dans les pays où elle a été introduite (principalement aux États-Unis et en Chine), ou de Tapinoma magnum, qui a envahi Cully en 2017 puis s’est répandue ailleurs dans le canton de Vaud (Suisse), notamment à Pully, Saint-Sulpice, Écublens et Lausanne.
Autre exemple d’avantage fourni par un supergène: chez des papillons d’Amérique du Sud (Heliconius numata), un supergène permet à certains individus d’arborer sur leurs ailes les mêmes motifs colorés que des papillons toxiques et de bénéficier ainsi d’une protection contre les prédateurs.
Travail de fourmi
Les biologistes affinent actuellement leurs recherches pour comprendre quelles régions exactes du supergène contrôlent les différentes caractéristiques sociales et morphologiques des animaux. Plus largement, le groupe de Laurent Keller continue d’explorer les principes génétiques qui régissent les sociétés d’insectes. Dans une étude parue récemment dans Current biology, les scientifiques ont séquencé 65 génomes de fourmis, ce qui leur a permis de construire l’arbre phylogénétique des 17 sous-familles connues dans le monde. Ils ont également démontré que ces insectes sont apparus il y a environ 150 millions d’années et que les grands changements génétiques qui leur ont permis de développer une organisation sociale complexe ont eu lieu durant les premiers 20 millions d’années de leur histoire."
[Image] Chez les fourmis de feu, un supergène rend possible l’existence de colonies polygynes (à plusieurs reines). Ici, quatre reines matures avec leur cortège d'ouvrières. Crédit : Horace Zeng, Université de Géorgie, États-Unis
Noah rode out his flood in an ark. Winnie-the-Pooh had an upside-down umbrella. Fire ants (Solenopsis invicta), meanwhile, form floating rafts made up of thousands or even hundreds of thousands of individual insects.
The physics of fire ant rafts could help engineers design swarming robots
by Daniel Strain, University of Colorado at Boulder
March 2, 2022
Traduction :
Les fourmis de feu (Solenopsis invicta), en cas d'inondation, forment des radeaux flottants composés de milliers, voire de centaines de milliers d'individus.
Une nouvelle étude menée par des ingénieurs de l'université du Colorado à Boulder énonce les règles physiques simples qui régissent la transformation des radeaux de fourmis au fil du temps : rétrécissement, expansion ou croissance de longues protubérances en forme de trompe d'éléphant. Les résultats de l'équipe pourraient un jour aider les chercheurs à concevoir des robots qui travaillent ensemble en essaims ou des matériaux de nouvelle génération dans lesquels les molécules migrent pour réparer les endroits endommagés.
Les résultats ont été publiés récemment dans la revue PLOS Computational Biology.
'Le comportement coopératif chez les organismes permet souvent aux groupes d'accomplir des tâches collectives qui sont inaccessibles aux individus. C'est le cas des fourmis de feu qui se regroupent pour créer des radeaux flottants qui unifient leurs colonies et assurent leur survie pendant les inondations.
Dans certaines conditions, ces radeaux subissent un processus appelé treadmilling qui leur permet de se transformer perpétuellement en l'espace de quelques heures. Cette morphogenèse comprend la croissance de protubérances semblables à des lianes que les colonies peuvent utiliser comme ponts terrestres pour échapper à l'eau.
En utilisant un modèle discret basé sur des agents, nous démontrons ici comment les interactions locales entre les fourmis dans ces systèmes peuvent être suffisantes pour provoquer l'émergence stochastique et spontanée de protubérances en l'absence de gradients externes, d'interactions à longue distance ou de stimuli ciblés. De plus, en isolant les effets des interactions à courte distance, nous révélons comment la modulation du niveau d'activité des fourmis librement actives à la surface des radeaux peut induire des changements de phase entre des états exploratoires de forte expansion des radeaux et des états dormants de contraction primaire des radeaux.
Ces résultats révèlent un ensemble simple de règles permettant d'obtenir un comportement collectif fonctionnel et peuvent servir d'inspiration pour la conception de systèmes actifs autonomes tels que la robotique en essaim.
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Une étude menée par des entomologistes de l'Université de Géorgie a conduit à la découverte d'un supergène distinctif dans les colonies de fourmis de feu qui détermine si les jeunes reines fourmis quitteront leur colonie de naissance pour fonder leur propre nouvelle colonie ou si elles rejoindront une colonie avec plusieurs reines.
Les chercheurs ont également découvert que les fourmis étaient plus agressives envers les reines qui ne possèdent pas le supergène, ce qui pousse les ouvrières de la colonie principale à les tuer. Cette découverte cruciale ouvre la porte à de nouvelles méthodes de lutte contre les nuisibles qui pourraient être plus efficaces pour éradiquer les colonies de fourmis de feu problématiques.
"Apprendre le comportement des fourmis de feu est une information de base très importante", a déclaré Ken Ross, professeur d'entomologie à l'UGA. "Ces informations sont essentielles pour nous aider à gérer les populations de nuisibles et à prévoir les variations qui peuvent se produire dans leur environnement".
L’Europe, qui compte déjà plus de 14 000 espèces exotiques, fait face à une véritable bombe environnementale. Avec la mondialisation, ce nombre ne cesse d’augmenter. Pour tenter de contrôler ce phénomène, des chercheurs européens, dont le biologiste Sven Bacher de l’Université de Fribourg, ont identifié 66 plantes et animaux qui, s’ils venaient à s’implanter, présentent la plus grande menace pour le continent.
We identified 66 species, that are currently absent from the EU, which pose a very high, high or medium threat to biodiversity and ecosystems. The species span a range of functional groups, with primary producers being numerically dominant. Escape from confinement is the pathway considered to be the most likely route of introduction for many species, particularly among plants and vertebrates.
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2018 : Août
"Nager n’est pas l’apanage des insectes estampillés aquatiques et morphologiquement adaptés. On connaît des Orthoptères et des blattes qui en sont capables, ainsi que quelques fourmis, qui le font plus ou moins bien, occasionnellement. À part est le cas de Camponotus schmitzi (Hym. Formiciné), symbiotique des népenthes, qui plonge dans le liquide des urnes de cette plante carnivore peu efficace par elle-même. Différent est celui de la Fourmi de feu Solenopsis invicta (Myrmiciné) qui se contente de flotter.
Comment se débrouillent des fourmis terrestres pour franchir des étendues d’eau, avec leur corps et leurs pattes pas du tout adaptés ? Evan Gora et ses collègues (université de Louisville, États-Unis) en ont fait leur sujet d’étude, avec la collaboration de représentantes choisies des Formicinés Camponotus pennsylvanicus (Cp) et Formica subsericea (Fs), des ouvrières forestières prêtes à tout, de même corpulence.
En effet les expérimentateurs les jetèrent une par une dans le grand bain, entières ou amputées d’une ou plusieurs pattes, sous surveillance vidéo. Ceci après les avoir mesurées sous toutes les coutures.
Les fourmis rament surtout avec leurs pattes antérieures qui plongent dans l’eau, les moyennes restant dans le plan horizontal et les postérieures servant de stabilisateurs. Les corps des Cp sont en partie immergés, tandis que certaines Fs (les plus petites) marchent sur l’eau – capacité qu’on leur retire en ajoutant un peu d’alcool dans le bain, ce qui réduit la tension superficielle. Les Cp vont 2 fois plus vite, grâce à leurs pattes avant relativement plus longues.
Confrontées à un obstacle liquide, les 2 fourmis adoptent une allure différente de celle de leur habituelle marche, et s’en sortent."
[Image] A diagram of leg motions during swimming for both ant species. Forelegs extended downwards into the water in a propulsive motion, whereas midlegs performed a bilaterally synchronous rowing motion. Hind legs were generally inactive as they appeared to function as rudders.
Traduction :
Un diagramme des mouvements des jambes pendant la nage pour les deux espèces de fourmis. Les pattes avant s'étendaient vers le bas dans l'eau dans un mouvement propulsif, tandis que les pattes centrales effectuaient un mouvement d'aviron bilatéralement synchrone. Les pattes arrière étaient généralement inactives, car elles semblaient fonctionner comme gouvernails.
"... L'initiative EVOCOOP (Multi-level analysis of the evolution of cooperative behaviour in social insects), financée par l'UE, visait à comprendre le comportement coopératif de deux insectes sociaux qui ont développé différents niveaux de sociabilité. Les chercheurs ont analysé la très sociale fourmi de feu Solenopsis invicta et la beaucoup moins sociale guêpe Polistes dominula.
Les chercheurs ont étudié la fondation de la colonie et la maturité de la colonie comme les deux étapes clés dans l'histoire des insectes sociaux. Ils ont choisi de comparer le comportement coopératif contre l'agression (les deux se produisant au cours de la fondation de la colonie et dans les colonies mûres) car, malgré des processus apparaissant comme opposés, il y a deux faces à la médaille, potentiellement régies par les mêmes effecteurs moléculaires.
EVOCOOP a caractérisé la régulation génomique du comportement coopératif chez les fourmis de feu à l'aide de séquençage de l'ARN. L'équipe a analysé les gènes de plusieurs reines (fondatrices) dans une colonie nouvellement créée et comment ces fondatrices coopéraient. En outre, l'équipe a testé les modes d'expression des gènes clés pour la coopération et l'agression chez les guêpes. Ils ont découvert que le gène de la vitellogénine, activé dans le cerveau des insectes, était associé à un comportement agressif."
"Pour survivre aux inondations qui ont touché la Caroline du Sud (États-Unis), ces fourmis de feu se sont rassemblées afin de former un radeau.
Grâce à cette technique, elles peuvent tenir des semaines."
VIDEO. Etats-Unis : comment les fourmis échappent aux inondations. Le Parisien, 07.10.2015
« Pour faire face aux inondations, les fourmis de feu se relient les unes aux autres jusqu'à former une sorte de radeau, révèle la chaîne américaine Fox Carolina. La vidéo qu'elle a mise en ligne mardi a été tournée dans le comté de Greenville, en Caroline du Sud, totalement inondé. On peut voir les fourmis flotter et dériver. Pour survivre, elles ont construit cette île artificielle et rassemblé leurs œufs au centre. »
"Comment les fourmis de feu parviennent-elles à se lier entre elles pour constituer ces radeaux flottants qui leur permettent d’échapper aux inondations ? Un scientifique américain lève le voile sur les secrets de cet étrange comportement collectif."
Par Nicolas Revoy. Le Journal de la Science, 12.06.2014.
« [...] Voici plusieurs vidéos (dont certaines en time-lapse) montrant des fourmis de feu en train de former des structures analogues à celle des radeaux évoqués ci-dessus (notez que ces fourmis s'assemblent entre elles dans un grand nombre de situations différentes, et pas seulement en cas d'inondations) : [...] »
Par utexasCNS. YouTube. « Crazy Ants Detoxify the Venom of Fire Ants »
« A new development in the competition between two ants invading the southern United States: tawny crazy ants (Nylanderia fulva) can detoxify the venom of the red imported fire ant (Solenopsis invicta). It's the first known example of an insect with the ability to detoxify another insect's venom, and it is likely helping the crazy ant beat out fire ants where the two species overlap. »
Par Morgan. Gizmodo. « On le savait, les fourmis sont capables de bien des prouesses, individuellement mais aussi et surtout grâce à leur nombre. Avec parfois plusieurs millions d'individus, les colonies ont fait de la coopération leur maître-mot. Regardez-les par exemple devenir un épais fluide ou même une structure solide. »
« Le New York Times s’est récemment intéressé à ces hyménoptères [...]»
Comment combattre cet insecte dévastateur ? Des chercheurs lausannois ont découvert chez la fourmi de feu un «chromosome social» qui explique pourquoi certaines colonies abritent une seule reine. Une découverte qui permettrait de trouver des parades génétiques.
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