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« Inrattrapables » : ou ayant leur allure ; alors pas la peine d'essayer, et on apprend vite à les reconnaître

« Inrattrapables » : ou ayant leur allure ; alors pas la peine d'essayer, et on apprend vite à les reconnaître | EntomoNews | Scoop.it

"Soit un oiseau insectivore affamé face à un choix de papillons appétissants. On sait qu'il portera son coup de bec sur celui qu'il juge mangeable, non toxique ni de goût épouvantable. Il se fie aux couleurs arborées par ses proies potentielles, dites aposématiques (avertisseuses) : les papillons portent le signal de leur immangeabilité, ce qu'ils « payent » en synthèses chimiques et autres dispositifs. Cousins proches ou très éloignés, d'autres papillons font l'économie de la fabrication du toxique, la dépense de la peinture leur suffit, pour peu qu'ils leur ressemblent. C'est le bien connu mimétisme batésien. L'oiseau est dupé."

 

Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2021 : Mars

 
"Mais imiter un immangeable n'est pas la seule option. On peut se parer de l'habit d'un papillon très agile, très rapide, que l'oiseau sait d'expérience ne pouvoir rattraper et dédaigne donc a priori.
C'est ce que des chercheurs de plusieurs pays ont démontré dans un travail commun ;  ce n'était qu'une hypothèse depuis une soixantaine d'années, pendant lesquelles on a surtout étudié l'évitement par les prédateurs des mimes empoisonnés.


Le genre Adelpha (Lép. Nymphalidés tropicaux) comporte plus de 90 espèces, dont certaines avec des patrons d'ailes très ressemblants, fruit très probable de mimétisme. Ces papillons sveltes, aux ailes triangulaires, n'ont pas l'allure de ceux qui sont toxiques, très généralement lents et munis de longues ailes.


Dans une station de recherche, en Finlande, l'équipe a proposé à des mésanges bleues de faux Adelpha (en papier) de 3 types correspondant aux principaux patrons de l'espèce. L'amande attachée en dessous était telle quelle ou trempée dans un produit très amer. Le papillon restait sur place ou s'enfuyait tiré le long d'un rail. Les oiseaux ont vite appris à ne considérer que les proies rattrapables. Des mimes imparfaits fonctionnent.


Sauf que les oiseaux ont quand même attaqué 1,6 fois plus les immangeables que les inbéquetables ; sans doute une amande amère est quand même un truc roboratif…"


Article source (gratuit, en anglais)

 

 

Photo : Adelpha salmoneus, A. cocala et A. epione – faces ventrales. Cliché Jeff Gage

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« Camouflage phonique » : les ultrasons s’y étouffent et le velu se cache derrière

« Camouflage phonique » : les ultrasons s’y étouffent et le velu se cache derrière | EntomoNews | Scoop.it

 Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2020 : Février

 
"Les papillons de nuit, pour beaucoup, nourrissent les chauves-souris. Celles-ci les repèrent en vol dans le noir par écholocation, en interprétant le retour de leurs cris ultrasoniques reflétés par leur corps et leurs ailes. Depuis 65 millions d’année, prédateurs et proies perfectionnent parallèlement leurs moyens de détection et d’évitement, respectivement. Certains papillons entendent les cris des chauves-souris et tentent de s’échapper et parmi-eux, des écailles (Arctiinés) ont développé le brouillage et les stridulations d’avertissement (aposématiques).


Beaucoup de papillons de nuit, dépourvus d’organes tympaniques, sont sourds. Ils disposent d’autres moyens pour réduire leur mortalité : taille, vol erratique, isolement saisonnier et « dimorphisme » sexuel des périodes de vol. Et le camouflage phonique, qu’on vient de découvrir.


L’examen des touffes d’écailles longues portées sur le thorax par plusieurs espèces montre qu’elles ressemblent dans leur structure à des matériaux d’isolation phonique. Thomas Neil et ses collaborateurs (université de Bristol, Royaume-Uni) ont mesuré leurs propriétés d’absorbtion dans le domaine des ultra-sons (20 à 60 kHz).


Leurs expériences ont porté sur deux Saturniidés papillons de nuit – le Bombyx suraka de Madagascar Antherina suraka et le Prométhée Callosamia promethea - et deux papillons de jour Papilionidés – le Voilier vert Graphium agamemnon et le Machaon benjoin Papilio troilus -, à titre de comparaison.


Par écho tomographie et modélisation, ils ont établi que ces touffes absorbent les 2/3 de l’énergie du signal des chauves-souris, ce qui réduit sensiblement la distance depuis laquelle ces dernières peuvent repérer le papillon, qui gagne ainsi en furtivité, c’est-à-dire en probabilité de ne pas se faire croquer.
Les écailles, minces et légères, ont des performances d’absorption phonique bien supérieures à celles des matériaux fibreux que l’on sait fabriquer."


Article source (gratuit, en anglais)

 

 

À agrafer à deux articles : Les moyens de défense des papillons nocturnes contre les chauves-souris insectivores, par Johanne Gouailler. Insectes n° 151 (2008-4)  et Les insectes ingénieurs, par Alain Fraval. Insectes n° 191 (2018-4).


Photo : Periphoba arcaei, un Saturniidé particulièrement velu. Cliché Gil Wizen

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